La ville est longée par le fleuve l’Escaut, qui prend sa source dans l’Aisne puis traverse tout le département du Nord en arrosant Cambrai, Valenciennes, Bruay-sur-l’Escaut….. Il passe en Belgique puis entre aux Pays-Bas où il se jette dans la mer du Nord.
Dans les premiers manuscrits des archives locales et départementales que nous avons pu retrouver, la forme toujours usitée est “Bruel” (“paroisse de Bruel” en 1161 ; “Gontier de Bruel” en 1083, 1143). On a pu alors croire que Bruel était une altération populaire de Ruel que l’on trouve dans une chronique rimée du XIIIème siècle, oeuvre de Philippe Mouskes, qui fut évêque de Tournai.
Certes, il y a encore à Bruay un vieux quartier situé à proximité de l’église qu’on appelle depuis des siècles “Les Ruelles” et qui semble bien avoir été le berceau de la paroisse. Pourtant cette explication doit être, à coup sûr, rejetée : en effet, on ne peut admettre aujourd’hui cette mutation de Ruel en Bruel et il faut aussi reconnaître qu’aucun document ancien ne mentionne ce toponyme “Ruel”. Philippe Mouskes aurait-il donc voulu désigner le quartier, le lieu-dit, et non la paroisse elle-même ?
Dans son ouvrage, “Etudes historiques et comparatives sur les noms de villes et villages du département du Nord” M. Mannier qui a lu “Bruech” dans un cartulaire de l’abbaye de Saint-Amand de 1242, donne pour origine au nom de notre commune le mot germanique “bruch” (en flamand : broek) qui signifie marais, lieu bas et aquatique.
C’était déjà l’opinion du chroniqueur valenciennois Jacques de Guyse qui écrivit ses annales au XIVè siècle.
L’ouvrage actuellement le plus récent et le plus complet est celui de M. Gysseling publié en 1960. M. Gysseling, qui est professeur à l’Université de Gand, écrit que le toponyme Bruel est très fréquent dans les Pays-Bas, tant romans que garmaniques, qu’il s’agit d’un emprunt au mot celtique “brogil” et qu’il semble s’appliquer, en général, à des terrains marécageux, souvent boisés. C’était d’ailleurs aussi l’avis de M. Vincent qui écrivait en 1937 : Le mot “brogil” est probablement d’origine celtique, il est fréquent dans la toponyme flamande et dans l’ouest du Pays Wallon, il a donné en vieux français : breuil, bruil, bruel : il signifie un bois clôturé situé dans un endroit humide, marécageux.
Dans les archives du XVIè siècle apparaît de plus en plus fréquemment la forme “Bruail” qui est restée, en patois rouchi, dans l’expression “Les Bruailliers” pour désigner les habitants de notre commune. C’est aussi Bruail que nous lisons dans le cartouche du tableau représentant le village vers 1590-1600.
On passe ensuite au XVIIè siècle par le toponyme “Brueil” (c’est, par exemple, cette forme que nous retrouvons sur l’inscription gravée sur la cloche fondue en 1665 et enlevée par les Allemands en 1918 : “Je suis refondu par la communautelle de Brueil-les-Valenciennes”.
Vers 1730, nous lisons assez fréquemment “Bruaÿ” dans les documents de l’époque pour en arriver à “Bruay” quelques années avant la Révolution. Il n’est toutefois pas rare de voir le nom du village écrit de diverses façons à la même époque : c’est ainsi qu’au début du XVIIIè siècle, on écrit indifféremment Brueil ou Bruaÿ.
Enfin la dénomination actuelle de la commune ne date que de 1902. Le 16 août 1900, le conseil municipal approuvait à l’unanimité la proposition de MM. Augustin Chevalier, maire, et Edouard Lambert : “Considérant que le département du Pas-de-Calais possède une commune dont le nom s’orthographie absolument de la même façon que Bruay dans le département du Nord, qu’il en résulte des retards dans les correspondances tant commerciales qu’administratives, et dans les envois par chemin de fer, ce qui cause quelque fois de grands préjudices au commerce et à l’industrie, le conseil municipal décide de solliciter de l’administration supérieure que Bruay (Nord) prenne dorénavant la dénomination de Bruay-sur-l’Escaut”. Le décret autorisant cette nouvelle dénomination fut signée le 29 juin 1902 par le Président de la République, Emile Loubet.
Informations tirées du Livre "Bruay-sur-l'Escaut à travers 12 siécles d'Histoire", de M. Raymond Durut, historien et élu de Bruay-sur-l'Escaut, paru en 1991.